Ce qui frappe dès l’entrée dans l’auditorium c’est la vue verticale du plateau sur lequel est exposée en bon ordre une somptueuse monstration des splendides instruments que sont, rangés par familles, du plus petit au plus grand, les flutes à bec, les doulcianes, les cornets à bouquin et les tournebouts (ou cromornes).
A l’arrivée des musiciens, pendant que les quatre chanteurs se posent, debout, derrière leurs pupitres, les quatre instrumentistes viennent choisir devant nous chacun son instrument. Ils le reposeront délicatement à la fin de chaque pièce pour en reprendre un nouveau, sans jamais détruire la symétrie de la disposition.
Le pari était audacieux, comme l’écrivait dans la feuille de salle le chef de cette banda, le portugais Tiago Simas Freire : « associer des chanteurs corses expérimentés avec des musiciens spécialisés dans les répertoires anciens pour une découverte et une nouvelle création à partir de sources musicales inédites du XVIème siècle qui déclinent diverses techniques polyphoniques orales sur le plain-chant ».
Magnifiquement sévère, ce programme musical nous a permis de percevoir, dans la qualité charnelle du timbre des voix et des bois mêlés, une sorte de sensualité de la mort dont les ibères sont friands et que les corses partagent volontiers en célébrant, avec les larmes, la lumière.
par L.A. Gascona